L A F E R T É
CLASSE 5
L’ouvrage de LA FERTÉ est le dernier à l’ouest de la partie continue de la LIGNE MAGINOT du nord-est. Cette impressionnante fortification linéaire se termine là, mis à part les faibles Secteurs fortifiés de Maubeuge et de l’Escaut. Malheureusement pour lui, LA FERTÉ est un des plus connu à cause de son destin tragique. Il est le seul à avoir, à la fois, été totalement détruit en surface par une attaque frontale, et avoir vu périr la totalité de son équipage.
Il comportait seulement 2 Blocs de combat, une tourelle 2 armes mixtes et une casemate 47/JM, ce qui est extrêmement faible au vu de sa position. Il était couvert en limite de portée par la tourelle de 75 modèle 05 du CHESNOIS. Sa mission était de couvrir la crête de Villy sur la rive gauche de la Chiers. Son équipage était de 107 hommes.
À la suite de la rupture du front à Sedan, la 71° ID se trouve au contact le 14 mai 1940 avec le 23° RIC à Villy et Margut. L’ouvrage de LA FERTÉ forme un saillant qui menace la gauche de l’avance allemande et la décision est prise de le réduire. Le 17 mai, l’artillerie allemande commence à le bombarder ainsi que les deux casemates de 75 mm voisines. Devant l’avance allemande, celles-ci sont évacuées à 19 heures 30. Dans la nuit, la tourelle de 75 mm du CHESNOIS tire sur LA FERTÉ pour contrer des attaques inexistantes. Le 18 mai, l’ID71 prend Villy et arrive au contact de l’ouvrage dans l’après midi. Vers 17 heures, la préparation d’artillerie commence : des obusiers de 210 mm détruisent les rails et les barbelés et créent des entonnoirs pour permettre l’approche des troupes d’assaut. En même temps des canons de 88 mm du Flak Abteilung 26 tirent de plein fouet sur les cloches et la tourelle du Bloc 2. Celle-ci est en batterie, un incident interdisant l’éclipse. Un créneau de la cloche GFM est détruit et les trois occupants sont tués. Vers 18 heures, des groupes de l’IR171 sont au contact du Bloc 2. Leur approche a été masquée par un tir d’obus fumigènes sur les observatoires français de la rive droite de la Chiers. L’assaut est donné à 18 heures 30 avec des pionniers du 71° bataillon qui détruisent à l’explosif toutes les cloches du Bloc 2. En plaçant une charge sous la tourelle, toujours en position haute, ils la sortent de son logement et la font retomber en travers de son puits. À 19 heures 15, le Bloc 2 n’a plus une seule arme. Après un nouveau tir d’artillerie, les pionniers s’attaquent au Bloc 1. À l’aube du 19 mai, trois des quatre cloches sont détruites, ainsi que la porte du Bloc 2. L’ouvrage n’a plus que la casemate de 47/JM, qui ne sert à rien, ne pouvant tirer que vers Margut à l’est. La dernière cloche du Bloc 1 et sa porte sont éventrées le soir du 19 mai.
Selon toute vraisemblance, l’équipage de LA FERTÉ, confondant les explosions destructrices avec les impacts de 210 mm, n’a pas pris conscience que les allemands étaient sur les dessus de l’ouvrage, aucun tir d’interdiction n’ayant été demandé au CHESNOIS. Les hommes, attendant dans la galerie à 30 m sous terre ce qu’ils croyaient être la fin du tir d’artillerie, n’ont pas pu réintégrer leurs postes de combat dans les Blocs. Les pionniers allemands interdisaient toute remontée par les escaliers en jetant des explosifs et des fumigènes à l’intérieur des deux Blocs. Espérant une contre attaque, bloqué au fond, n’ayant pas eu l’autorisation de se rendre, l’équipage a été lentement asphyxié par l’oxyde de carbone des explosions et des fumigènes, les masques à gaz se saturant peu à peu. Pendant toute cette longue agonie, le contact téléphonique a été maintenu avec l’ouvrage du CHESNOIS, ce qui ajoute encore à l’horreur de cette tragédie. Le dernier message de LA FERTÉ est du 19 mai à 5 heures du matin.
Les allemands, instruits par l’expérience des combats dans les galeries du fort de VAUX à Verdun en 1916, n’ont à aucun moment cherché à pénétrer à l’intérieur de l’ouvrage. Ils l’ont totalement mis hors de combat en détruisant son armement. Ils avaient d’ailleurs fait de même au fort d’EBEN EMAEL en Belgique, le 10 mai 1940.
ACCÈS EN 1982
L’accès à l’ouvrage de LA FERTÉ est aisé car il est bien signalé. À partir de la N43 Longuyon – Sedan, prendre à gauche la D44 à Margut. Après le village de La Ferté sur Chiers, une route à droite conduit à l’ouvrage. En montant vers la crête, on voit la casemate est de 75 mm qui ne fait pas partie de l’ouvrage. Celui-ci se trouve au dessus d’un chemin à droite, les deux Blocs étant très visibles. Un mémorial et un cimetière où est inhumée une partie de l’équipage se trouvent à proximité.
LA LOCALISATION DES BLOC EST APPROXIMATIVE